''Il vaut mieux se perdre dans la passion que de perdre sa passion''




dimanche 28 décembre 2014

Le 5 octobre 2014, c'était la fermeture de la pêche en rivière

On avait bien fait la fête au bord de la Sarine dans la cabane à Gilbert! Le matin certains d'entre nous tentèrent leur chance à la Sarine, d'autres en amont de Lessoc et pour ma part dans l'Hongrin.

C'est toujours un plaisir de célébrer la fin de la saison avec les copains et d'aborder la pause hivernale de cette manière!

Angelo


L'équipe
Une truite de l'Hongrin sur une parachute Adams
Pêche en eau limpide
Formations géologiques magnifiques
Il y avait plein de truites sur ce spot!
Dans les gorges
Plissement de roche


La rivière de mes débuts

Je vous livre aujourd'hui une récit de pêche que j'avais écris il y a quelques années déjà dans mon petit recueil de mémoires halieutiques. C'était durant le mois d'avril lors d'une partie de pêche à la Petite-Sarine.

Cette rivière je la fréquente régulièrement depuis le années 1980. Depuis, le débit résiduel en aval du barrage de Rossens a été augmenté et les nases (Chondrostoma Nasus), poissons emblématiques de la Sarine, ont malheureusement disparus. Il faut dire que grâce à cette augmentation de débit, la population de truites à beaucoup augmentée mais qu'en contrepartie, les nases présents en grande quantité mais qui étaient déjà en forte régression depuis des années, ont totalement disparus car l'eau qui alimente la rivière est prise au pied du barrage et celle-ci reste très froide durant le printemps et cela rend impossible le développement embryonnaire des alevins.

J'ai eu la chance d'habiter à deux pas de cette rivière et à l'époque, il me suffisait de mettre mes cuissardes, passer le gilet et prendre ma canne à mouche pour ensuite me rendre à pieds au bord de l'eau en cinq minutes et tenter ma chance une heure ou deux avant le coucher de soleil. C'est là-bas que j'ai fait mes débuts de moucheur avec une Fenwick en fibre de verre et un moulinet anglais sans frein et à cliquets qui hurlait à chaque fois que je sortais de la soie pour allonger mes lancers. C'est au bord de cette rivière que ma passion de la pêche à la mouche s'est développée et c'est aussi là-bas que j'ai pris conscience que cet endroit remarquable classé site naturel d'importance national par la Confédération est un écosystème extrêmement riche abritant une multitude d'espèces animales faciles à observer mais qu'il convient de protéger activement.

Aujourd'hui plus que jamais les défis sont majeurs pour sauvegarder cette zone alluviale car le manque de crues et l'absence de charriage à cause du barrage sont des atteintes profondes dans la morphologie de ce site et il n'est pas sûr que les conditions actuelles favorables aux truites soient pérennes sur le long terme même si de nos jours, elles sont toutes issues du frai naturel uniquement et que la taille de capture légale est de 24 à 32 centimètres.

La Petite-Sarine en mai à Ilens

Voici le récit d'une partie de pêche inoubliable:
J'ai eu l'excellente idée ce soir de quitter le travail vers 16h30 pour me rendre à la Petite-Sarine. J'ai parqué la voiture après la Tuffière dans la forêt, à un endroit dont je ne connais pas le nom. Toujours est-il que le chemin qui mène au bord de l'eau arrive pile poil dans une clairière située en face du petit chemin contre la molasse en amont du Bois du Sac et de la Sapinière. Là, quelques chevaines sont en activités mais ne m'intéressent guère car je suis venu attraper une truite nom de Zeus! Je tente tout de même ma chance mais je bafouille. C'est la catastrophe, ces poissons gobent dans le film de l'eau mais à des endroits si encombrés que j'accroche ma mouche dans un arbre au premier faux lancer... J'abandonne bien vite et décide de monter en direction de la Tuffière. Durant la progression, j'observe avec mes polarisantes chaque endroit susceptible d'abriter une truite. Première constatation, il n'y a pas de mouche et deuxième constatation, il n'y a pas de truite non plus!

Il est 18h30 et le soleil est encore haut dans le ciel. Il est probable que lorsqu'il sera plus bas et que la pénombre pointera le bout de son nez, les truites seront plus enclines à aller se nourrir près des berges là où les larves de phryganes et les gammares sont présents en grandes quantités. Dans le grand plat en dessous du trous aux Italiens, je vois tout de même une belle truite nympher mais l'endroit est très encombré et la truite trop éloignée pour effectuer un lancer arbalète. Arrivé au Graboz, je décide de pique-niquer. Camembert et pain au menu. Tresse russe pour le dessert! Une fois le souper fini, je regarde ma montre et je constate qu'il est déjà 19h30.
 Il est grand temps de retourner à la voiture. Espérons qu'à la descente, il y aura quelque chose d'intéressant à portée de canne... En arrivant au Pré d'en Bas, je m'arrête sur le haut de la berge pour regarder s'il n'y a pas un poisson actif sur le grand plat. Yes! Il y en a un! Et un beau en plus! Je descends au bord de l'eau, refait un long bas de ligne en 14/100 et attache une imitation de phrygane. Le poisson est maintenant à porté de lancer. Je fais deux ou trois faux lancers et accroche lamentablement mon bas de ligne à la canne. C'est le gros merdier... Je défais cette perruque en essayant de me calmer en me disant que tout ira bien si je ne perd pas mon sang froid. Après d'interminables minutes qui me semblèrent être une éternité, je suis à nouveau, on va dire, opérationnel. Malheureusement, le poisson a eu le temps de changer de poste et maintenant, il n'y a rien de plus qu'une vaste étendue de galets devant moi. J'observe autour de moi et aperçois de petits gobages discrets qui doivent être l'œuvre de petits ombrets. Je regarde plus attentivement avec mes polarisantes. Le fond de la rivière est parfaitement défini et j'aperçois à nouveau la belle truite monter gentiment à la surface pour cueillir une mouche invisible. Elle doit sûrement monter sur de toutes petites éphémère me dis-je. En deux temps trois mouvements, je remplace mon bas de ligne en 14/100 par un 12/100 à la place et y attache une petite merde de Marc Petit-Jean. J'ajuste mon lancer et pose le plus délicatement possible car le poisson est à porté de canne. Je repasse quelque fois mais rien y fait. Le poisson monte toujours régulièrement mais pas sur mon imitation.

Il se passe un long moment de réflexion et d'observation. Le poisson doit se nourrir dans le film de l'eau uniquement. Soudain, je vois passer près du bord une exuvie d'éphémère. Je comprend maintenant et décide de changer de leurre. Je trouve dans ma boîte la parfaite imitation et l'attache au bas de ligne. Deux, trois faux lancers et je pose. Maintenant c'est le grand jeu! Je me concentre sur mon leurre. Soudain, un fuseau brun monte du fond de la rivière vers la surface et prend ma mouche. D'un mouvement ample, je lève mon bras droit et ferre. Premières secousses au poignet. Le poisson est gros et me prend du fil. C'est beau, j'ai enfin ma première truite de l'année à la Petite-Sarine! Petite bataille avec le poisson et quelques rush plus tard, je le conduis près du bord et le prend dans ma main pour le décrocher. Cette truite est magnifique. C'est un mâle et à l'évidence, il doit sans aucun doute mesurer quarante-cinq à cinquante centimètres. Les couleurs de sa robe sont superbes. Quelques points rouge sont parsemés au milieu d'une constellation de points noir. Il est grand temps de le relâcher. Je le glisse doucement dans l'eau et il s'en va à toute vitesse vers le fond de la rivière. Entre-temps, l'obscurité s'est mise en place et c'est le moment de quitter cet endroit magnifique. Devant moi, une chauve souris virevolte au ras de l'eau et attrape sûrement quelques insectes. Il n'y a pratiquement pas de bruit et j'entends juste l'écoulement de l'eau contre les berges. Au loin, une chouette hulotte fend l'atmosphère de son chant: hou-hou-houhou!

Angelo