''Il vaut mieux se perdre dans la passion que de perdre sa passion''




jeudi 29 août 2019

Au delà du 66ème parallèle nord: la rivière Kaitum

La Kaitum

De mon carnet de notes: récit de mon voyage en Laponie Suédoise.

Dimanche 11 août 2019
C'est au bord d'un hélicoptère survolant la toundra Suédoise que nous apercevons pour la première fois l'alignement des chalets du camp Tjuonajokk situé en bordure du lac Kaitum. Le plafond est bas et il pleut aujourd'hui. Avant d'arriver au camp, nous avons survolé les grandes étendues encore sauvages à plus de 180km/h et avons pu observer des rennes ainsi que des élans qui pâturent dans la toundra sous une pluie fine et cela dans l'indifférence la plus totale au passage bruyant de l'hélicoptère rouge de la compagnie Kallax. Malgré le mauvais temps, je me régale de revoir la forêt boréale clairsemée par des zones humides, lacs, rivières et innombrables ruisseaux. On distingue clairement les traces laissées par le passage des rennes qui, ici, ont été domestiqués depuis la nuit des temps par le peuple Samis. Les arbres disparaissent sur les collines alentours et laissent place à la verte toundra. Nous nous posons et sommes chaleureusement accueillis par Erik et son staff. Il y a ici une atmosphère agréable et silencieuse. Nous visitons les lieux et nous sommes informés sur le fonctionnement du camp. Pas d'électricité durant la journée mais le soir uniquement. Pas d'eau courante et il faut aller chercher l'eau à la source non loin de nos chalets. Enfin, il n'y a pas de couverture téléphone et pas de Wifi. Nous avons laissé toutes ces tracasseries quotidiennes derrière nous, à Kiruna. Voilà, le décor est posé. On nous donne les clés de nos deux chalets prénommés Siken et Forellen, corégone et truite en français. Nous passons notre première soirée au camp et mangeons, chose incroyable et inattendue dans ce recoin perdu de la Laponie Suédoise, de délicieux plats dignes d'un bon restaurant et qui sont cuisinés par Marie-Louise ''Luisi'' notre cheffe qui vient d'Autriche. Après notre repas et quelques bières Suédoises Höga Kusten, nous regagnons nos chalets respectifs sans mal car il fait encore jour tard dans la soirée sous ces latitudes.


Arrivée au camp
Lundi 12 août 2019
Aujourd'hui, nous sommes allés pour la première fois pour tout le monde, pêcher en compagnie de notre guide fort compétent qui s'appelle Jon. Ce fut une très belle journée à faire la connaissance avec une nouvelle rivière. Nous avons tous pris plein de poissons en sèche. De beaux ombres et quelques truites en général petites mais Steven et moi-même en avons pris chacun une de 35-40cm. Les truites ici ont une belle robe avec de grands points noirs. Les ombres quant à eux, sont magnifiques. Certains spécimens peuvent atteindre 50cm mais ils mesurent pour la plupart environ 35-45cm. Une super journée en Laponie en compagnie de Steven, Daniel et Pascal. L'ambiance est super! Le chalet où je dors et que je partage avec Pascal est simple mais il y a tout. L'accueil au camp est vraiment charmant. Les gens sont sympas et ils parlent tous l'anglais. La nourriture est excellente et nous mangeons des produits locaux comme de l'élan chassé dernièrement par Erik ainsi que des baies cueillies dans les environs.

Steven avec Jon
Un ombre magnifique
Mardi 13 août 2019
A nouveau une magnifique journée sur un autre spot en aval du camp. Nous avons pêché en sèche une quantité incroyable d'ombres. C'est un truc de dingue! Il y a ici une faune aquatique inimaginable si on ne le découvre pas par soi-même. Tout le monde est content et nous apprenons que le bagage perdu de Daniel va enfin arriver demain. Un hélicoptère sera spécialement affrété rien que pour ça! A nouveau une journée magnifique ici, en Laponie, au-dessus du cercle polaire arctique.


L'équipe avec notre guide: Jon
Mercredi 14 août 2019
Aujourd'hui, nous sommes allés à Tjirtjam. C'est à dire, dans la partie amont du parcours. Nous avons, avec deux bateaux, remonté le lac Kaitum pour atteindre un secteur de la rivière plus étroit et qui forme des rapides infranchissables. Il faut en tout environ 1h20 pour atteindre ce spot depuis le camp avec un moteur de 6 chevaux. On remonte le lac. Nous sommes chargés de curiosité et d’appréhension car on découvre les lieux tels des aventuriers. Le cadre est à couper le souffle et on distingue encore la neige de l’hiver passé sur les sommets qui nous entourent. Au loin, on distingue une montagne en forme de mamelon que les Samis nomment le sein de la mère et c'est une montagne sacrée pour eux. La pêche des ombres fut à nouveau incroyable, sans comparaison avec ce que j'ai connu auparavant ailleurs. La Kaitum est une rivière exceptionnelle!

On part vers l'inconnu!
Tjirtjam vue vers amont
Tjirtjam vue vers aval avec Daniel au milieu

Pascal et Steven sur le retour au camp
Jeudi 15 août 2019
Pas de pêche aujourd'hui! A la place, je suis allé faire une magnifique randonnée sur les sommets ou plutôt sur les collines qui surplombent le camp. Après quelques explications données par Luisi, j'emprunte le sentier en direction de Nikkaluokta qui passe tout d'abords dans la forêt de bouleaux et qui monte ensuite sur une crête dépourvue d'arbre. Je bifurque ensuite à droite pour enfin arriver sur le sommet de la colline la plus haute. J'ai ensuite passé toute la journée dehors à me balader dans la toundra. C'était magnifique et incroyablement reposant d'être là-bas en ayant l'agréable sensation d'être seul au monde et dans le silence. La vue depuis les collines est juste époustouflante. On y voit toute la vallée de la Kaitum des montagnes enneigées pour ensuite aller se perdre au loin je ne sais où, plus bas dans la vallée. Même s'il ne fait pas beau, cela n'enlève rien à la beauté, au charme rugueux et sauvage des lieux. En revenant au camp, je tombe sur de vieilles maisons Samis tombées en ruines depuis bien longtemps maintenant.




Des maisons Samis en ruines

Vendredi 16 août 2019
Très belle journée à Taivek en compagnie de Pascal. Steven et Daniel sont partis avec Jon pour pêcher le brochet. Au moment ou j'écris, je ne sais pas s'ils ont eu du succès. De notre côté, nous avons pris de beaux ombres et, pour ma part, 2 belles truites d'environ 45cm en sèche sur une parachute Adams numéro 12! Le matin, en descendant dans l'étroit passage marqué par des bouées, je ne vois pas une grosse pierre plate qui effleure la surface de l'eau et je plante lamentablement le bateau dessus... Par chance à cet endroit la rivière n'est pas profonde et j'arrive non sans efforts au moyen d'une rame à dégager le bateau. Le soir, on redouble d'attention pour remonter au camp mais dans le même secteur je touche une pierre avec le moteur qui est, fort heureusement, protégé par une structure spéciale. Les secteurs de pêche du camp Tjuonajokk sont constitués de 3 longues portions rapides pouvant être pêchées de la rive droite ou gauche. Il s'agit de Kuhkhak, la zone la plus en aval. Taivek, la zone en amont de Kuhkhak. Et enfin Tjirtjam, le secteur le plus en amont et qui nécessite de remonter tout le lac Kaitum pour y arriver!

Taivek
Les grand pêcheurs!

Une belle truite avec des couleurs magnifiques
Depuis le bord du lac Kaitum
Samedi 17 août 2019
Dernier jour sur le camp Tjuonajokk! Aujourd'hui, nous sommes allés à Kuhkhak rive gauche pour la première fois avec le taxi boat conduit par Jon. Nous n'avons pas le droit d'y aller seuls car les rapides de Taivek sont trop dangereux pour être passés par des personnes inexpérimentées. Là-bas, la pêche fut difficile car les ombres n'étaient pas mordeurs et la météo pas terrible avec un vent presque tempétueux. Mais nous avons tout de même pris de beaux poissons. Ainsi s'achève cette magnifique découverte de la Laponie Suédoise et de la rivière Kaitum. L'équipe du camp a été formidable et l'ambiance avec les autres pêcheurs présents sur le camp fort amicale et cela dans un esprit pêche particulièrement plaisant. FishYourDream a mis l'accent sur la qualité de l'accueil et il a été hors pair durant toute notre présence. La rivière ainsi que le cadre de pêche sont extraordinaires. Je reviendrai! Demain, nous partirons d'ici pour rejoindre nos foyers, là-bas, dans la jungle urbaine...

Angelo

De gauche à droite: Angelo, Daniel, Steven et Pascal
Pour les plus curieux, voici quelques liens utiles et intéressants:

FishYourDream. C'est l'organisation qui tient le camp et qui organise aussi des séjours à Ammarnäs et sur l'île de Gotland: https://www.fishyourdream.com/en/

Quelques informations sur la Laponie: https://fr.wikipedia.org/wiki/Laponie_(province_historique)


Et enfin sur la ville de Kiruna où nous avons pris l'hélicoptère pour nous rendre sur la Kaitum: https://fr.wikipedia.org/wiki/Kiruna




lundi 15 juillet 2019

51 dans presque rien


C'est avec quelques doutes que j'emprunte la route qui mène à la partie amont de la petite rivière qui passe non loin de mon domicile. Je suis dans le doute car je me demande s'il y a encore quelques truites vivantes dans ce qui n'était plus, l'automne passé, qu'un triste et vague cours d'eau asséché avec par-ci et par-là quelques gouilles peut être salvatrices remplies d'une eau brunâtre. Avec le déficit pluviométrique et les canicules maintenant devenues la règles chaque été, je ne me fais plus guère d'illusion sur le sort des salmonidés qui doivent vivre dans l'eau fraîche et oxygénée. Je me rappelle très bien de ce jour lorsque l'année passée nous nous rendions avec Claire chez notre architecte afin de discuter de notre projet de rénovation de la maison: en parcourant la même route qu'aujourd'hui, je stoppai la voiture à deux pas d'un pont qui enjambe la rivière pour y jeter rapidement un coup d'œil. En me penchant par dessus le garde-corps, ce que je vis me fit un choc et je pu directement observer le fond sans devoir percer l'opacité variable de l'eau. En retournant à la voiture je me dis que tout était foutu et que les belles truites observées durant le printemps avaient sûrement péris et rejoins depuis longtemps leur propre paradis. Celui où les pêcheurs, cormorans, harles et autres prédateurs n'existent pas. Là où les eaux sont perpétuellement claires, fraîches et limpides et où la flore riveraine est toujours verdoyante. Là-bas, toutes les truites deviennent énormes et les nuées d'éphémères qui dérivent sur l'eau sont gobées à la surface par ces mêmes truites qui soit dit en passant, manque même d'ardeur tellement la nourriture est abondante et facile à se procurer...
C'est donc aujourd'hui avec un scepticisme certain que je parcours les derniers kilomètres avant de laisser ma VW sur le bas côté de la route non loin de la rivière. Je tire le frein à main et éteins le moteur. En sortant de la voiture j'entends au loin le joyeux bouillonnement de l'eau et aussi les grillons dans le près d'à côté. Je passe mes G3 et mes vieilles godasses bien entamées, monte ma Scott et endosse mon gilet. Le tout prend au maximum cinq minutes et je me dirige sans tarder vers la rivière en courant presque d'impatience. Je m'arrête presque en haletant. Le niveau est parfait et l'eau est claire. Il n'y a pas de traces d'un autre pêcheur sur le gravier fraîchement déposé par la dernière crue. Et les truites? Se sont-elles réincarnées? Ont-elles résisté? Je passe ma soie dans les anneaux et attache une belle imitation d'olive en CDC montée sur un hameçon numéro 14. Je l'ai faite la veille et je trouve qu'elle a fière allure une fois accrochée à mon porte mouche. Il y a déjà quelques mouches qui dérivent sur l'eau mais les gobages qui devraient fendre la surface se font attendre. Tout est tranquille en ce début de soirée. Beaucoup trop tranquille à mon goût. J'effectue quelques faux lancers et de belles dérives pour me dégourdir le bras. Mais bon, c'est pas le top ce soir. Il y a des mouches sur l'eau mais voilà, ça gobe pas. L'horloge tourne et l'entrain du départ laisse place au doute et les questions fusent dans ma tête. Est-il vraiment sensé de venir ici alors que l'année passé seul un filet d'eau permettait à peine d'humecter le fond de ce qui ressemble aussi aujourd’hui, plutôt à un gros ruisseau qu’à une rivière? Y'a sûrement plus que des chevaines ici et peut-être bien qu'ils ont eux aussi crevés!


Je me ballade sur les berges en essayant de rester optimiste quand, une fois arrivé près d'une cabane posée dans une belle clairière située à deux pas de la berge, un gars grisonnant et moustachu portant une casquette m'aborde et me demande ce que je pêche. Il est accompagné de madame qui elle-même porte un foulard sur la tête.
''Bonjour! Qu'est ce que vous pêchez?'', me dit-il avec un fort accent du coin.
''Bonjour! Des truites, il y a des truites dans cette rivière.'' En fait je ne sais plus vraiment s'il y en a encore mais sur le moment, j'essaye de me persuader du contraire...
''Avec ma femme on était ici l'été passé avec mes petits enfants et on marchait sur les pierres!''
Et madame d'enfoncer encore un peu plus le clou en ajoutant: ''c'était vraiment terrible, y'avait pratiquement plus d'eau! A quoi vous pêchez?'' me dit-elle.
''A la mouche, je pêche à la mouche.'' lui dis-je dépité par ce que je viens d'entendre en lui montrant un peu bêtement mon artificielle accrochée à ma canne. Comme si celle-ci pourrait être la preuve qu’il y a encore des truites cachées quelque part dans les méandres qui nous entourent. Ils regardent cette chose faite de plumes enroulées sur un hameçon. Monsieur me dit: ''Vous attrapez des poissons avec ça...?''. Je leur réponds que oui et je décide, le moral dans les chaussettes, de ne pas trop m'attarder et nous nous saluons en nous souhaitant une bonne soirée.


Je quitte la clairière et me dirige vers un bon poste qui se trouve sous les arbres. Là-bas, la berge est creuse et bien à l'ombre durant la journée. Je m'approche à petits pas et me fige à bonne distance tel un héron près à bondir sur sa proie. L'attente n'est pas longue et j'observe deux truites qui gobent régulièrement dans la veine principale en fin de courant. Enfin un signe de vie! Je m'approche un peu, évite quelques branches et me positionne au mieux afin de lancer ma mouche dans la veine principale, celle qui amène les petits voiliers à la dérive à peu près tous à la même place. Et c'est là, juste dessous, que les truites arrivent comme par magie à distinguer une brindille ou un autre quelconque objet d'une éphémère. Ces petits insectes ailés source de nutriment nécessaire à la vie de ces merveilleuses créatures à la robe moucheté de points noirs et rouges. Mon artificielle se pose délicatement et au grès du courant, passe dans la veine et est rapidement aspiré dans l'eau. J'amène vers moi la truite qui vient de se faire leurrer, je me baisse pour la saisir mais elle se décroche juste à quelques centimètres de ma main droite. Franchement, ce n'est pas grave est c'est plutôt heureux même. La vision de ce poisson me prouve enfin que mes inquiétudes n’étaient pas vraiment fondées et que malgré le niveau d'étiage alarmant l'année passée, les truites ont, je ne sais comment, miraculeusement survécus. Je progresse en amont et prends encore quelques beaux spécimens prouvant par conséquent que même plus en haut, les salmonidés ont tenu bon. La soirée est déjà bien avancée et il faut bien se résoudre à rentrer car l'obscurité commence à devenir de plus en plus impénétrable. Les oiseaux se sont tus et les premières chauves-souris font leurs apparitions. Le monde de la nuit commence à se réveiller et croise celui de la journée. Le chant du martin pêcheur retenti encore une dernière fois dans les bois et tout devient calme. Il devient difficile de voir ma mouche et il commence à faire frais.


Malgré tout, j'emprunte le chemin qui passe à travers la forêt pour me diriger dans un méandre lent et profond. Je m'approche à petit pas et en amont j'observe un gobage au milieu du courant. Je lance ma mouche et la passe à plusieurs reprises mais rien ne monte. J'hésite un peu et je me dis que c'était sûrement un chevaine. Je regarde en face de moi et distingue clairement les silhouettes caractéristiques de ces poissons qui se tiennent en banc. Ceux-ci, sont à peines visibles, ils sont au fond près de la berge creuse. Pourtant, quelque chose me pousse à lancer encore, et je pose ma mouche en pensant déjà avec regret qu'après ce dernier lancer, il sera grand temps de rentrer. Celle-ci dérive deux mètres puis est gobée. Je ferre et là, je ressens tout de suite le poids du poisson et ma petite Scott en fibre de verre s'arque sérieusement. Ce poisson est lourd et il fait un rush en aval en direction de la berge creuse, celle où les chevaines étaient il y a encore quelques secondes et ils ont dû décamper avec le fracas que je fais maintenant! Il y a des branches au fond et bien entendu, le poisson se dirige tout droit dedans. La seule option est de le brider à mort en espérant que mon bas de ligne en 15 va tenir bon. Miraculeusement, j'arrive à le stopper dans sa course, il lâche la pression, se retourne et il saute hors de l'eau. J'observe sa silhouette et je reconnais tout de suite les points rouges et noirs caractéristiques. Je m'en foutais un peu avant parce que je pensais que c'était un poisson blanc, un cyprinidé, un mal aimé des pêcheurs de truites.


Et là, à la vision de ce ''muscle car'' qui gigote dans tout les sens et qui veut à nouveau repartir dans ce satané tas de branche, je réalise soudain que je suis en train de tenir une magnifique truite. Je retiens ma respiration tellement je crains que tout bascule en un instant. Il en faut un peu de la chance dans ces moments-là et la chance fait justement que le poisson commence à faiblir, ses lancées sont de moins en moins fracassantes. Je prends mon épuisette et après deux tentatives infructueuses qui me font des sueurs froides, j'arrive enfin à le faire entrer! Je n'en reviens pas, je suis abasourdi et jamais je n’aurais imaginé une chose pareille, ça me tombe dessus. Un poisson si gros dans une rivière si petite qui plus est quasiment asséchée l’année passée… Je pose ma canne sur la berge et laisse l’épuisette de manière à conserver le poisson dans l'eau par ce que ce serait trop con de le foutre en l’air. Je fais le plus rapidement possible une photo, observe et mesure cette merveille de la nature. Ma Scott de 6’6 semble ridicule à côté. C'est tellement incroyable de tomber sur un spécimen si grand dans ce qui n'était l'année passée qu'un filet d'eau, voir presque rien. Je le remets sans tarder dans le courant et il repart à plein gaz. Sa silhouette disparaît dans les profondeurs. Il n’y a plus de bruit autour de moi. J’entends l’eau s’écouler silencieusement dans ce méandre tranquille. Même le chant des grillons a cessé. La nuit est tombée et il ne reste plus que quelques lueurs pour pouvoir se diriger sur l’étroit chemin forestier du retour.

Angelo

mardi 2 avril 2019

Impressions du mois de mars


Voilà, il était grand temps de dépoussiérer mon blog après ce long hiver par un nouvel article et quelques photos prises dans les environs des rivières que je fréquente habituellement depuis bien des années et cela avec toujours autant d'entrain. 





Le miracle de la nature c'est qu'au fil des saisons elle nous offre toujours une multitude de choses à observer. La pêche justement est un formidable argument pour se rendre dehors canne à la main au bord de la rivière. A l'ouverture, dans le froid encore piquant de l'hiver, lorsque je passe mes waders pour la première fois de l'année et que je monte ma canne et endosse mon gilet, je ressens cette excitation particulière de la passion qui depuis tous ces mois d'attente s'éveille à nouveau en moi. Je me dirige rapidement vers la rivière choisie pour ce premier jour, marche sur la berge et entre dans l'eau. 





Dans le courant, mes jambes ressentent aussitôt le froid du liquide qui les entourent. Je communie avec la nature et j'ai l'impression d'être passé de l'autre côté, celui depuis lequel on a l'impression de voir l'univers de l'intérieur. L'animal qui est en moi s'exprime dans la froideur ambiante comme s'il avait retrouvé ses origines lointaines. Celles des premiers hommes disparus depuis la nuit des temps et vêtus de peaux de bêtes et munis de harpons à la recherche de nourriture. Serait-ce leur gènes qui m'amènent au bords de l'eau avec à chaque fois autant d'ardeur?





C'est toujours aussi surprenant mais le mois de mars et aussi celui ou les oiseaux recommencent à sortir de leur mutisme hivernal et leur chants annonciateurs des beaux jours emplissent la forêt d'une multitude de mélodies joyeuses et légères. Oui, il y a de la légèreté dans cette douce cacophonie qui s'élève dans la canopée. 





Il faut chercher un peu dans les zones à l'abri et aussi bien ensoleillées pour trouver un peu de végétation en fleur. A mon grand étonnement, il y a déjà quelques papillons qui virevoltent de fleur en fleur pour leur extraire un peu de nectar.





Le mois de mars ce n'est pas le plus démonstratif car la nature se réveille à peine et les mois qui suivront seront définitivement plus spectaculaires en comparaison. Même si la pêche reste toujours aléatoire en ce début de saison, cela vaut toujours la peine de sortir car les balades au bord de l'eau canne à la main sont toujours autant revigorantes.





En plus de mes photos, je vous mets des liens sur une nouvelle série de cinq films intitulés Mosquitos & Mayflies et tournés en Laponie en 2018 par Rolf Nylinder. Cette série est magnifique et la bande son jazzy est un vrai régal. Je ne m'en lasse pas. Aussi, je me réjouis cette année de partir en Laponie Suédoise. Cette région à l'avantage d'avoir la plus faible densité humaine d'Europe, se trouve près et même au dessus du cercle polaire arctique et présente une multitude de lacs et rivières qui, parait-il, regorgent de salmonidés qui n'ont encore jamais vu de pêcheurs...

Angelo