''Il vaut mieux se perdre dans la passion que de perdre sa passion''




dimanche 16 juin 2013

L'onde sauvage


La vallée de la Karluk, Alaska. Septembre 2009.

Dans les remous limpides de la rivière et la lueur du soleil se projetant sur le fond constitué de galets, une truite évolue, se faufile tant bien que mal dans ce monde minéral. Je me tiens sur la berge, caché par les feuilles des arbres qui m'entourent. Une brise légère caresse mon visage et me rafraîchit en ce début d'après-midi lourd et orageux. Le mimétisme de la truite est surprenant. Son ombre sur le fond de la rivière est facile à suivre tandis que son corps est difficile à distinguer.

Je me rappel lorsqu'avec Michel nous découvrions pour la première fois la Stuyahok en juillet 2004. A chaque arrivée de pool, je me mettais à l'avant du raft pour voir s'il y avait des saumons Kings. Le spectacle était quelque fois incroyable. De partout, des poissons au moins longs comme un bras fuyaient à notre arrivée. Nous nous exclamions, que dis-je, nous balbutions devant un telle débauche de poissons de si grande taille! Quelle abondance, chaque pool était plein, on aurait dit un rêve. Ces merveilleuses créatures de retour de l'océan pacifique se retrouvaient là afin de perpétuer leur espèce dans un cycle qui se reproduit depuis la nuit des temps.

Être le témoin de ce retour aux origines a été une révélation et cela à l'écart de toute civilisation là-bas, au fin fond du bush. L'Alaska ne peut laisser l'amateur de grands espaces indifférent. Tout est dans la démesure et les repères d'ici se transforment en miniatures lorsque on survole en hydravion durant des heures les belles étendues encore sauvages de la ''Last Frontier''. Les repères sont littéralement transpercés et éclatent face aux paysages grandioses qui s'étalent à perte de vue. Aussi, on ressent ce sentiment agréable et excitant que l'on sera peut-être le premier homme à fouler ces terres arctiques et qu'avec une certaine humilité on se rend compte que l'on est pas grand chose dans cet environnement dépourvu d'infrastructures humaines.

J'observe toujours ma truite. Elle fait brusquement un écart et je la voit avaler une larve qui passait à sa porté. Je revois mon Alaska chérie avec la certitude qu'elle m'accompagnera toujours, même ici, en toute humilité au bords de cette rivière des Préalpes Fribourgeoises face à cette truite, merveille de la nature.

Angelo

Aucun commentaire: