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Salmo trutta fario! |
Il monte
dans sa voiture, dépose son flacon de gel hydroalcoolique dans le vide poche, ferme
la porte et tourne la clé de contact. Le moteur se met à tourner et la radio s'enclenche. Il a à peine le temps de faire une petite marche arrière pour
s'engager sur la route qui le mènera au bout de quelques kilomètres à la
rivière que la radio se met a jouer à plein tube le dernier hit de Dua Lipa,
Don't Start Now.
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Reflets le jour de l'ouverture à la Petite-Sarine |
Avant de partir, il a enfilé dans son garage ses waders encore
moites de la récente virée sur un torrent de montagne, là-bas, en direction de
la Dent de Broc. Cette dernière sortie n'est déjà plus qu'un bon souvenir et il
se souvient de ces petites truites furtives qui montent dans les vagues d'une eau
froide et limpide pour saisir une imitation avec une telle détermination qu'il
s'en étonne encore. La route, avalée à un rythme endiablé, n'est pas longue et
il s'arrête en bordure de forêt. A deux pas de là, il y a un petit chemin
agricole qui descend directement dans un coin de rivière facile d'accès. Il
éteint le moteur et retire la clé. La musique s'arrête aussitôt et laisse place
au calme. En ouvrant la porte, un nouveau paysage sonore prend le relais.
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Cherchez la noire! |
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Un triton alpestre |
Les
basses tonitruantes de Dua Lipa se sont évaporées. Il entend maintenant les doux
chants des oiseaux dans la canopée. Ici un merle, par-ci un pigeon ramier et par-là
des mésanges. A son grand étonnement, il entend même un coucou. Les fleurs
ainsi que les pollens sont légion. Il suffit de regarder parterre pour trouver
partout des amoncellements de pollens de pissenlits qui fleurissent en ce
moment par millions dans les champs. Ces vertes prairies aux alentours sont
parsemée de fleurs et ce fond vert dominant entrecoupé de zones parsemées de
fleurs lui procure un effet reposant, apaisant voir réparateur. L'évasion que lui
procure déjà ce début de virée lui fait oublier cette ambiance anxiogène qui
pèse aujourd'hui sur l'humanité toute entière et la passion latente du pêcheur
à la mouche semi-confiné qu'il est, peut enfin s'exprimer ici.
L'appel de la
rivière l'amène en quelque sorte dans un refuge, loin de ces minuscules
organismes qui font de si grands ravages chez les humains. Il est loin ici de
cette atmosphère troublante et tragique. En regardant les médias, le plus
étrange, c'est que finalement il ne sait plus si l'économie est au
service de l'homme, ou plutôt si le contraire, sans que l'on s'en rende vraiment compte
avait pris le dessus depuis longtemps. Il songe à tout cela en dévissant le
bouchon du tube de protection de sa canne à mouche. Les perspectives, aujourd'hui,
c'est l'instant présent, écouter ce que nous disent les autorités de faire et,
pourquoi pas, s'en remettre au Créateur? Mais tout cela se dissipe dans son
mental de pêcheur déjà trop préoccupé à penser à ce que lui offrira ou pas la
rivière. Il ne lui faut que quelques instants pour assembler la canne, fixer le
moulinet et endosser son gilet de pêche. Il s'introduit ensuite dans la forêt
avec entrain.
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Truite fario dorée |
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Porte d'entrée dans les gorges |
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Pescatore solitario |
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Pascal à la Veveyse |
Quelques centaines de mètres plus loin, il entend les premiers bruits
caractéristiques de l'eau qui méandre tranquillement dans la zone alluviale. Il
avance sur la berge et l'obscurité de la forêt laisse place à la lumière
éblouissante qui l'entoure aussitôt. Le site est propice à la contemplation et
cela lui fait penser à un passage de Izaac Walton qui dans son livre intitulé ''Le
parfait pêcheur à la ligne'', nous raconte par le biais de Piscator que dans
les temps anciens, un débat s'était élevé et qui reste encore à régler:
- le bonheur de l'homme en ce monde consiste-t-il davantage dans la
contemplation ou dans l'action? -
Un peu plus
tard et toujours sur le thème de la contemplation, Piscator raconte à son ami
Venator:
- Touchant ces deux opinions, je m'abstiendrai d'y ajouter un
troisième en donnant mon propre avis et me contenterai de vous dire, mon très
digne ami, que les deux notions se pénètrent et toutes
deux s'appliquent, de façon fort appropriée, à l'art très honnête, très
ingénieux, très calme et très inoffensif de la pêche à la ligne. Et tout
d'abord, je dois vous dire que certains ont observé (et je me suis, pour moi,
aperçu que c'était une très exacte vérité) que le fait même de s'asseoir sur le
bord de la rivière, non seulement vous fait prendre la position la plus
tranquille et qui correspond le mieux à la contemplation, mais encore invite le
pêcheur à pareille disposition. -
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Simon en pleine action |
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Des jaunes partout! |
Notre
pêcheur aujourd'hui ne s'assiéra pas. Pas encore. Un autre jour peut-être,
lorsque ses jambes auront de la peine à le porter. Il veut passer à l'action,
gambader à la rivière pour se dégourdir les jambes jusqu'à ce que la nuit lui
empêche de voir où poser les pieds, de voir ses mouches naviguer sur les
courants turbulents ou sur les lisses, là où truites, ombres, chevaines et
autres poissons gobeurs viendront saisir les insectes en crevant la surface,
cette frontière qu'il y a entre ces univers distincts que sont l'air et l'eau.
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Le temps des narcisses |
Debout
sur la berge, il pense à ce merveilleux fil rouge qu'est la pêche à la ligne et
à tout ses compagnons d'ici et d'ailleurs qui ont croisés un jour son chemin sur
notre belle planète bleue et qui partagent eux aussi la même passion avec
d'autres amis. Ce fil rouge qui lui rappel aussi ceux qui ne sont plus là et qui
furent ses regrettés amis. Nul doute que durant cette période incertaine faite
de confinements ces liens ont pris un coup et se sont quelque peu défaits.
Mais, il en est sûr, ils ne se rompront pas, ils se renforceront et existeront
toujours. Seront-ils similaires? Qui peut le dire aujourd'hui? Ils pourraient
être différents car il faudra se résoudre, pour quelque temps du moins, à
côtoyer les compères à distance de canne pour prendre soin de soi, des autres
et garder ainsi pour longtemps la pêche!
Angelo
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